Life, so sweety

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Le Joueur d'échecs

Monsieur B., avocat viennois arrêté par la Gestapo, croit pouvoir trouver dans un manuel d'échecs dérobé la force de résister aux interrogatoires des nazis, mais la passion le gagne et il sombre dans la folie. Plus tard, sur un paquebot qui l'emmène à Buenos Aires, il joue une partie contre le champion du monde Mirko Czentovic.


Cette nouvelle qui, de façon exceptionnelle dans l'œuvre de son auteur, fait référence aux événements contemporains, est un de ses derniers écrits. Exilé au Brésil, Stefan Zweig se donna la mort le 23 février 1942, incapable de survivre à la détresse qu'avaient fait naître en lui le nazisme et la guerre, négation radicale des valeurs qu'il défendait.


Si cette partie d'échecs symbolise les tensions et les impuissances de la société à faire face à une situation dramatique, du point de vue échiquéen elle est strictement conforme aux règles. "J'ai commencé une petite nouvelle sur les échecs, inspirée par un manuel que j'ai acheté pour meubler ma solitude, et je rejoue quotidiennement les parties des grands maîtres", écrit-il à sa première épouse Friderike, le 29 septembre 1941.

Parution du Joueur d'échecs 1943, un an après le suicide de Stefan Zweig.

Extrait :

« Je pourrais dis-je fabriquer ici, dans ma cellule, une espèce d'échiquier et essayer ensuite de jouer ces parties. Grâce au ciel, je m'avisai que mon drap de lit était grossièrement quadrillé. Plié avec soin, il finit par faire un damier de soixante-quatre cases. Je cachai alors le livre sous le matelas, après en avoir arracher les premieres pages. Je prélevai peu de mie sur ma ration de painet l'y modelai des pièces, un roi, une reine, un fou et toutes les autres ; elles étaient diformes mais je parvins, non sans peine, à reproduire sur mon drap de lit quadrillé les positions que représentait le manuel […] »



24/02/2007
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